En 1932, Abouna Yaacoub construit un édifice sur le sommet du Mont de la Croix et s’en servit pour garder les provisions. Tout de même, cet édifice pouvait servir de lieu de prière où Abouna Yaacoub célébrait la messe les jours de pluie et de tempête. Cet endroit ne fut pas consacré comme église.
Durant la guerre civile libanaise (1975- 1990), cet endroit a accueilli nombre de troupes étrangères qui se sont déployées dans cette région où beaucoup d’opérations militaires furent menées.
Après le retrait de ces troupes militaires, le dit édifice fut abandonné et délaissé pour plus de 18 ans.
Appel à la restauration
Le 6 février 2008, je fus envahi par l’envie de reconstruire et de restaurer cet édifice dans le but de fonder la première église portant le nom du bienheureux Abouna Yaacoub capucin et ce quelques jours après sa béatification.
Cette ferveur intérieure ne cessait de grandir et de s’acharner : « c’est une occasion historique pour Deir El Qamar et les Chrétiens du Chouf ». Oui c’est une opportunité historique pour les habitants du Chouf qui ont subit l’oppression et la migration durant les années de guerre et qui ne cessent de souffrir actuellement du fait du blocus qui leur est imposé sur le plan politique et économique et entrave le développement ce qui pousse les jeunes à émigrer.
Je me suis alors entretenu avec Monsieur Camil Habib et l’architecte Tony Yazbeck et nous avons convenus d’accomplir cet objectif.
Approbation de la Mère Supérieure générale
J’ai réussi à joindre la Mère Supérieure générale des Sœurs de la Croix pour lui faire part de notre volonté. Je lui ai dit : « nous réalisons que vous êtes préoccupée par les préparations de la béatification d’Abouna Yaacoub qui se tiendra à Beyrouth. Veuillez bien accepter de nous permettre de restaurer cet édifice et de le transformer en église ». Deux jours plus tard, le 8 février 2008, la Mère Supérieure nous a rappelé en disant : « D’accord, vous pouvez entamer le travail ».
On se mit à prier et les mêmes principes adoptés au cours de la construction du sanctuaire de l’Agneau de Dieu furent mis en place : ne pas dépenser un sou de l’argent consacré au monastère, interdiction de s’endetter et aucun recours à la publicité.
L’Appel à Abouna Yaacoub
Comme première démarche, nous avons appelé et informé tous les amis du projet. Cependant nous n’obtînmes pas un sou. Le 29 février 2008, je suis monté au sommet du Mont de la Croix, j’ai contemplé le grand portrait d’Abouna Yaacoub et j’ai crié à pleine gorge : « Qu’avez-vous ? Voulez vous nous aider ou non ? Ne désireriez-vous pas avoir une première église portant votre nom? » Puis, je retournai au monastère envahi par la tristesse.
L’intervention d’Abouna Yaacoub
Le lendemain, le 1er Mars 2008 à 11h du matin, Sœur Salwa El Islambouli, la mère supérieure au couvent des Sœurs de la Croix à Deir el Qamar m’appela et me dit : « venez vite me voir ». Je répondis : « qu’est ce qu’il y a ? » Elle répliqua : « venez vite ». Une fois au couvent elle m’annonça : « un homme aisé est venu avec une flamme scintillante dans son cœur et une volonté inédite de réaliser quelque chose sur la Croix. Je lui dis alors « Père Antonio a déjà entamé un projet ». Il fut surpris et affirma sa volonté de vous rencontrer.
Je répondis : « Abouna Yaacoub nous a envoyé cet homme. Allons le voir ».
Nous nous sommes entretenus avec cet homme qui a contribué au projet entrepris en faisant don de quelques milliers de dollars. Et ce fut le début.
Deux jours plus tard, le 3 mars 2008, assis dans mon bureau je reçus un coup de fil d’une personne anonyme : « Père, j’ai lu l’histoire du sanctuaire de l’Agneau de Dieu et j’ai été très impressionné. Je suis directeur d’une entreprise de produits de construction. Vous pouvez vous servir gratuitement de tous les produits dont vous avez besoin ».
Je lui demandai « qui êtes vous ? Comment avez-vous eu mon numéro de téléphone ? »
Et je compris que c’était Abouna Yaacoub qui l’avait envoyé pour nous aider.
Le 8 mars 2008, après avoir été inquiet toute la nuit soucieux de trouver 5000 dollars pour agrandir le chemin du Mont de la Croix et construire un mur de protection, alors que mon cœur priait et ma tête se souciait, je me rendis à l’archevêché de Saida pour la réunion des prêtres du diocèse. Réunis avec mes frères, je reçus un coup de fil d’un individu à Beyrouth : « Père, je vous enverrai un chèque de 5000 dollars».
Cette nouvelle me réjouit, j’appelai alors le propriétaire du Jack Hammer pour élargir la route puis demandai à l’entrepreneur de commencer le travail. Ainsi le chemin de la montagne de la Croix fut élargi et un mur de protection de 700 mètres fut construit.
Dieu et Abouna Yaacoub se mirent à nous envoyer les aides.
Le 25 mars 2008, durant une visite à une famille libanaise, Mr Camil Habib présenta le projet de restauration de l’édifice et reçut de cette famille un don de 500 pierres.
Le 16 avril 2008, nous nous rendîmes à Jezzine pour trouver un autel pour l’église d’Abouna Yaacoub. Et l’architecte Tony Yazbeck fouillait partout pour trouver cet autel. Il pria en sollicitant la protection et la médiation d’Abouna Yaacoub et soudain il trouva les pierres de l’autel enfouies entre les roches et les cailloux. Le propriétaire de l’usine nous offrit alors ce dont on avait besoin.
Ensuite, à une heure où je n’avais pas assez d’argent pour poursuivre le projet, l’un des amis me recommanda de rédiger une lettre et de l’adresser à certaines personnes aisées pour atteindre mon but. J’envoyai alors plus de dix lettres. Une seule personne me répondit. Je compris alors que Dieu lui seul avait la volonté de restaurer cet édifice pour le transformer en église.
A une heure où une grande inquiétude s’emparait de moi, je me mis à feuilleter le registre des donateurs et je réalisai que la majorité de ces donateurs nous avaient aidé, non pas suite à une demande personnelle de ma part, mais par une force divine et par la volonté d’Abouna Yaacoub. Je compris alors qu’il ne fallait plus s’inquiéter.
Le 13 avril 2008, la caisse ne renfermait plus que 20 dollars. Je me dis alors : « demain, je suis obligé de renvoyer les ouvriers puisque je ne possède que 20 dollars ».
Je m’adressai alors à Abouna Yaacoub en lui disant : « je ne peux en aucun cas avoir de dettes. Si vous voulez vraiment restaurer cet édifice pour le transformer en église aidez nous ». A l’issue de cet appel, un ancien camarade de classe (que je n’avais pas rencontré depuis 14 ans) visita le sanctuaire de l’Agneau de Dieu et fut profondément touché par son histoire. Après cette visite, l’ancien camarade voulut nous aider et nous accorda 17 000 dollars. Plus tard, il m’avoua qu’un étrange sentiment l’avait poussé à octroyer cette somme.
Le 17 mai 2008, je ne possédais plus que 44 dollars, je me dis alors : « Demain je renvoie tous les ouvriers ». Cependant, après la célébration du Saint Sacrement, une personne s’approcha de moi et me dit : « Père, j’aurais aimé vous parler, j’étais convoqué à une conférence annuelle dans un des pays arabes mais je n’avais pas envie d’y aller. Et je m’adressai à Abouna Yaacoub en lui disant : « Si vous sabotez ce voyage, j’offrirai le prix du billet comme contribution à votre église ». Quelques jours plus tard, des affrontements éclatent à Beyrouth et à la Montagne, sur ce, l’aéroport fut fermé et la conférence annulée. Et me voici en train de vous présenter un chèque estimé au coût du billet (1000 dollars).
Le 27 mai 2008, il ne me restait que 67 dollars dans la caisse et je me dis : « demain je renvoie les ouvriers ». Le lendemain matin, le 28 mai 2008, je reçu un coup de fil d’un ami à Beyrouth qui me dit : « Père, j’aimerais contribuer à la restauration de cet édifice en offrant la coupole et la cloche. Puis il me demanda : « Qu’est ce qui vous manque encore ? » je répondis : « nous voulons carreler l’église et…et… » . Il me dit : « je vous rappelle ce soir ».
A 20h30, il me rappelle et me dit : « Père, demain je vous envoie un chèque de 6 000 dollars ».
Ainsi nous continuâmes le travail. De telles histoires se multiplièrent et pour les rédiger plusieurs livres ne suffiraient pas.
En 3 mois nous avons réussi à restaurer l’édifice qu’Abouna Yaacoub avait construit.
Cérémonies organisées lors de la béatification d’Abouna Yaacoub
Les cérémonies organisées à l’occasion de la béatification d’Abouna Yaacoub ont commencé par une grande manifestation qui s’est rassemblée le 21 juin 2008 devant la statue d’Abouna Yaacoub pour ensuite se diriger vers le sommet du Mont de la Croix.
Les fidèles se sont rassemblés à 19h30 avec nombres de prêtres, accompagnée par le groupe Al Ahrar – Kfarzebyane et la Chorale de Notre Dame du Talle qui chantaient les prières. Nous nous sommes mis en route avec des bougies flamboyantes. Lorsque nous arrivâmes à l’entrée du Mont de la Croix où la faible brise affleurait les visages et caressait les cœurs, je sentis soudain un frissonnement de joie sublime en contemplant la foule réunie par milliers. A l’entrée de la montagne nous avons édifié une grande tour surmontée d’une grande statue du Sacré Cœur offerte par l’un des citoyens de Deir el Qamar quelques jours avant la manifestation. La foule s’arrêta pour contempler la statue couverte d’un tissu rouge en s’interrogeant sur la nature de cette statue. Le groupe jouait de la musique alors que les yeux étaient figés sur la tour. Monsieur Camil Habib leva le tissu rouge, soudain la statue du Sacré Cœur les mains ouvertes apparut pour accueillir les gens affluant à cette montagne. Beaucoup de fidèles ont frissonné à la vue de cette statue et beaucoup d’autres ont versé des larmes de joie et de sensibilité.
Nous arrivâmes à la place de l’immense croix édifiée par Abouna Yaacoub où nous avons passé la soirée devant le Saint Sacrement. Télé Lumière a diffusé en direct cette manifestation unique en son genre pendant 4 heures.
Remontant dans le temps, le 21 juin 1860 fut une catastrophe pour les citoyens de Deir El Qamar mais le 21 juin 2008 fut une fête inédite pour les citoyens sur le Mont de la Croix.
Le 22 juin 2008, Abouna Yaacoub, capucin, a été béatifié à Beyrouth.
Le 24 juin 2008, l’édifice fut consacré comme première église au monde portant le nom du bienheureux Abouna Yaacoub par son Excellence l’évêque Elias Nassar.
Dès lors les foules affluent à la Montagne de la Croix, ce lieu saint pour visiter le sanctuaire de l’Agneau de Dieu et l’église d’Abouna Yaacoub et se remplir de joie, de paix et de sainteté.